Vœux d’automne

I’m in a good place.

Lac Vert

Devant un lac comme il y a un peu plus de quatre ans. Le clapotis de l’eau revient sans cesse et me berce, le vent s’abat sur mes larmes, des larmes de bienêtre, des larmes d’apaisement devant la simple beauté de cette journée, des larmes de ça n’a pas toujours été facile ces dernières semaines but I’m still standing, et là devant ce Lac Vert aujourd’hui, je me sens bien. Je sens que je peux avancer. Je sens que j’ai la force de prendre le chemin qui m’appelle. La vie est courte, bien trop courte, et si je mourais demain je sais que je m’en voudrais de n’avoir pas essayé d’être une vraie écrivaine, de vivre de ce qui me fait vibrer. La vie est dure, bien trop dure. Je ne peux pas passer mon temps à me laisser tabasser par tout ce qu’elle me jette sur son passage.

Lac Vert

Qu’il arrive demain ou dans dix ans, je voudrais rendre mon dernier souffle avec la certitude d’avoir fait de mon mieux, d’avoir vraiment essayé. À l’heure actuelle ce n’est pas le cas. Je me suis quand même vachement fait balloter sans réagir. On a tou·te·s le droit à la passivité. Mais pas celui de se vautrer dedans en regardant sa vie passer et en gémissant qu’on n’a pas ce qu’on veut.

Je veux faire les bons sacrifices, ceux qui ont du sens. Tout ce que j’ai sacrifié à la traduction depuis trois ans – mon temps, ma santé, mon énergie, ma relation – a été finalement extrêmement improductif. Autant de sacrifices pour continuer de foncer droit dans le mur, franchement, ça n’en valait pas la peine. Je le vois clairement aujourd’hui et je m’en veux d’avoir continué sur cette voie même en sachant à quel point elle me détruisait.

Lac Vert

 

Ma vie m’appartient. Je ne veux pas la gâcher dans ce qui n’a pas de sens. Je sais que je trouverai toujours une solution pour m’en sortir. TOUJOURS. Mais il faut au moins que j’essaye de mener l’existence qui m’attire, celle qui me fait les yeux doux depuis 2014 déjà et que je continue de mettre en pause alors même qu’elle se fait plus pressante et plus juste, plus réelle, plus adaptée, plus cohérente… J’accepte mieux de mourir de faim plutôt que dépérir à mener une vie qui m’enterre avant l’heure.

Voilà, j’avais besoin de mettre sur le papier tout ce qui a macéré en moi au cours du mois écoulé. Je profite d’une nouvelle journée d’automne magnifique – le soleil dans un ciel radieux – pour prendre l’air et noircir les pages.

Lac Vert

Ah, l’automne. Je ne l’ai pas vu arriver. Quand tout le monde a posté des messages à son intention sur les réseaux, je n’ai pas compris ce qu’il se passait. Pour moi, il nous restait encore quelques semaines d’été. Et puis j’ai regardé la date, on était le 23 septembre. L’automne m’avait prise par surprise. Depuis, chaque fois que je le croise au détour d’un arbre en train de roussir, ou dans le fond de l’air qui fraichit, je ne peux m’empêcher d’être émue, de me sentir touchée de sa présence. L’automne me rend radieuse et je crois que cette année n’échappera pas à la règle. Je veux aspirer cette saison avec tous les pores de ma peau jusque dans mes tripes. Je veux vivre mon dernier mois des 28 ans avec toute l’intensité dont je suis capable, profiter comme jamais de ce qui m’attire et me fait vibrer.

I want to be true to myself. En accord avec toutes mes valeurs et tous mes principes.
Je veux vivre, je veux éclater de vie dans toutes les couleurs de l’automne. Je veux trembler dans la fraicheur matinale et m’extasier des rayons du soleil encore un peu chauds qui caresseront ma peau. Je veux soudoyer le ciel bleu et l’accrocher à mes rêves. Je veux qu’octobre existe dans chacune de mes veines. Je veux m’épanouir en apothéose dans le flamboiement des arbres.

Je serai toutes les feuilles qui se détachent délicatement et viennent toucher le sol en dansant. Je veux chanter avec les mésanges et les rougegorges qui croiseront mon chemin. Je veux glisser vers l’hiver dans la plus grande des douceurs et avec la chaleur au creux du ventre. Je veux prolonger le souffle qui m’anime pour toutes les promesses de 2018.

Je veux sourire et je veux jouir, je veux aimer et je veux rire, je veux toucher du doigt les risettes du bonheur, je veux me salir les mains à chercher ce qui est beau. Je veux transpirer dans toutes sortes de positions, de lieux et de contextes. Je veux m’enivrer de l’automne dès que mes yeux en capteront les couleurs. Je veux me remplir le cœur de chaque soupir de béatitude que m’apportera cette saison.

Je veux rentrer dans ma trentième année d’existence la tête haute et l’œil brillant. Je veux me rencontrer derrière chaque nuage morcelé, derrière chaque goutte de rosée, derrière chaque bruissement de feuilles. Je veux être la libellule qui s’agite sur le lac, la mésange qui picore la vie, la chouette curieuse dans la tombée du jour.

Je veux, je veux, je veux, et je suis heureuse de vouloir. Tous mes vœux ne seront pas exaucés, mais ma volonté exaltée suffira à rendre la vie délicieuse. Il y a tellement de saveurs à mélanger. Je vais me délecter de cet automne 2018 avec l’infini de ces deux boucles, la tête tournée vers le soleil, le cœur au vent, le stylo à la main.

Lac Vert

13 commentaires

  1. Quel plaisir de te lire à nouveau Cléa.
    Vivre une vie qui te ressemble. Je crois que tu y aspires depuis longtemps. Je suis heureuse que tu ai retrouvé cette envie de vivre pleinement chaque instant, chaque jour.
    Que cet automne soit le début d’un nouveau chapitre et que tu nous réjouisses avec tes mots et projets.
    Je t’embrasse bien fort.

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    1. Merci, comme toujours, pour tes mots chaleureux Marie. Oui, j’en parle depuis un moment, mais prendre la décision ça demande du courage ! C’est comme un grand saut dans le vide en sachant que je peux m’écraser par terre à tout moment. Mais je prends le risque de voler !
      Bises à toi

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      1. pas fâchée, non 🙂
        c’est plutôt parce que pour moi l’automne représente l’endormissement et que tu me le fais voir comme un réveil, alors ça me plaît beaucoup cette nouvelle perception! 😉
        je t’embrasse!

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  2. Tes mots sont presque exactement ceux que j’ai eus il y a trois ans, quand j’ai décidé de « changer de vie » pour devenir écrivain. Serions nous voisin•e•s de chemin ? Le souffle vital qui anime ta prose est extraordinairement contagieux en tout cas.

    Go go go vers tes rêves et aspirations ♥

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